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Oeuvres communes : - La Grotte de Versailles 1668 - Psyché 1671 - Le Ballet des Ballets 1671 - Les Festes de l'Amour et de Bacchus 1672 - Cadmus et Hermione 1673 - Alceste 1674 - Thésée 1675 - Atys 1676 - Isis 1677 - Psyché 1678 - Bellérophon 1679 (?) - Proserpine 1680 - Le Triomphe de l'Amour 1681 - Persée 1682 - Phaëton 1683 - Amadis 1684 - Roland 1685 - Le Temple de la Paix 1685 - Armide 1686 |
"Quinault, dans un genre tout nouveau, et d'autant plus difficile
qu'il parait plus aisé, fut digne d'être placé avec tous ces illustres
contemporains (Corneille, Racine, La Fontaine, etc.). [...]
Le véritable éloge d'un poète, c'est qu'on retienne ses vers.
On sait par coeur des scènes entières de Quinault ;
c'est un avantage qu'aucun opéra d'Italie ne pourrait obtenir. [...]
Si l'on trouvait dans l'antiquité un poème comme Armide
ou comme Atys, avec quelle idolâtrie il serait reçu !
Mais Quinault était moderne."
Voltaire, Le siècle de Louis XIV Ce poète français, né à Paris en 1635, était fils de boulanger.
Les ennemis de Quinault et Lully se plaisaient à répéter
qu'ils étaient "faits de la même farine". Le jeune Quinault grandit sous la protection du dramaturge Tristan. Ce dernier l'aida à présenter sa première comédie "les Rivales". En 1656, il devint gentilhomme de M. le duc de Guise. Quinault fut clerc d'un avocat au Conseil, tout en continuant à écrire pour le théâtre. Après un mariage habile, il put acheter en 1661 une charge de valet de chambre du roi. Ses premières comédies sont imprégnées du goût espagnol et italien pour l'intrigue et les effets de surprise : "Mère Coquette" (1653), "L'amant indiscret ou le Maître étourdi" (1655), "La Comédie sans Comédie" (1655). Il écrivit plusieurs tragi-comédies: "la Généreuse ingratitude" (1654), "les Coups de l'Amour et de la Fortune" en collaboration avec Tristan et peut-être avec Scarron (1655), "le Mariage de Cambyse" (1656), "Amalasonte" jouée à la Cour (1657), "le Feint Alcibiade" (1658), le "Fantôme amoureux" (1659), "Stratonice" (1660). Des pastorales : "les Amours de Lysis et d'Hespérie" (1660). Il s'essaya aussi à la tragédie proprement dite : "la Mort de Cyrus" (1656), "Agrippa ou le Faux Tiberinus" (1661), "Astrate, roi de Tyr" (1664), Pausanias (1668). En 1670, il entra à la Petite Académie et acheta une charge d'auditeur à la Chambre des Comptes, un an après. ![]() La collaboration entre Lully et Quinault semble avoir débuté dès 1660. L'auteur aurait écrit des vers pour diverses mascarades et ballets. Quinault participa, en outre, à l'écriture de Psyché avec Molière et Corneille en 1671, de "l'Eglogue de la Grotte de Versailles" et peut-être même à celle de Bellérophon. Ce qui expliquerait son retour en grâce après le scandale d'Isis. A partir de 1672, Quinault devient en quelque sorte le librettiste officiel en France. Il signa intégralement les livrets de 11 tragédies lyriques de Lully. Elevé au même rang que Corneille ou Racine, par Voltaire, Philippe Quinault connut néanmoins de nombreuses cabales. Il endura les perpétuelles critiques de Boileau, La Fontaine, Racine, entre autres. Ces derniers lui reprochèrent la pauvreté de son vocabulaire et la fadeur de son style. Seul Charles Perrault soutint son ami envers et contre tout. Il relate la période d'Alceste: "La vérité est qu'en ce temps-là j'estois presque le seul à Paris qui osast se declarer pour Monsieur Quinault, tant la jalousie de divers Autheurs s'estoit eslevée contre luy, & avoit corrompu tous les suffrages & de la Cour & de la Ville ; mais enfin j'en ay eu satisfaction. Tout le monde luy a rendu justice dans les derniers temps, & ceux qui le blasmaoient le plus ont esté contraints par la force de la vérité, de l'admirer publiquement, après avoir connu qu'il avoit un genie particulier pour ces sortes d'ouvrages." L'utilisation du mot "tragédie" prêta à confusion. Le clan des anciens dont Corneille et Racine faisaient partie, ne reconnaissait pas la tragédie classique dans l'oeuvre de Quinault. La règle majeure de la tragédie classique: unités de lieu, de temps et d'action, n'était guère respectée. De plus, peu d'opéras sont proprement dit tragiques. Ils se contentent généralement d'être imprégnés d'un "parfum de tragique" et finissent sur une note optimiste. Pour ces raisons, fut posée la question de savoir si la tragédie de Quinault appartenait au baroque littéraire ou au classicisme. Lully et Quinault inventèrent un genre nouveau, qui devait nécessairement se différencier du modèle classique. Une tragédie en musique ne peut raisonnablement être écrite comme une tragédie déclamée. Tout d'abord, elle doit être plus courte pour laisser place à la musique. Les vers doivent être plus rythmés, plus musicaux. Les mots sont plus courts. L'utilisation systématique de l'alexandrin aurait réduit les possibilités rythmiques et rendu l'oeuvre trop monotone. Quinault mêle avec habilité l'alexandrin, le décasyllabe, l'octosyllabe, les vers de 6 pieds, voire des vers impairs. L'opéra demande aussi une certaine variété de situation afin de diversifier les décors et les machines, mais aussi les thèmes décrits par la musique. Ainsi, Quinault aborde des atmosphères étrangères aux tragédies classiques. L'influence de la pastorale et du ballet de Cour se fait sentir avec l'apparition de nymphes, de bergers et d'allégories parmi les personnages. Quinault intègre le merveilleux dans son oeuvre. Si Cadmus & Hermione et Alceste comportaient des scènes humouristiques, Quinault abandonna définitivement ce ton léger dans les tragédies suivantes, sous la pression des critiques. L'humour, qui se trouvait chez les italiens Rossi et Cavalli, n'était décidément pas conforme au bon goût français. Le débat littéraire n'enleva rien à la popularité des oeuvres de Lully et Quinault. La simplicité des mots facilita la mémorisation des airs, que les parisiens fredonnaient dans la rue. |
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Doué pour peindre les sentiments amoureux, Quinault apparaît, pour
beaucoup, comme le précurseur de Marivaux. Boileau le jugeait "trop
tendre". On rapporte pourtant que Lully a demandé à son librettiste
d'humaniser le personnage de Phaëton. Ce style tendre n'est-il pas tout
simplement une volonté de la part du musicien? La Fontaine reprocha à
Lully d'avoir tenté de "l'enquinauder" au cours de l'écriture de son
livret "Daphné". Lully appréciait chez Quinault son caractère conciliant
et docile. Le librettiste recommençait de nombreuses fois l'écriture
de certains passages à la demande du musicien.
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Leur travail était bien organisé, Lecerf de la Viéville explique leur méthode: C'est ainsi que se composoit par Quinault & par Lulli le corps de l'Opera, dont les paroles étoient faites les premieres. Au contraire, Pour les divertissemens, Lulli faisoit les airs d'abord, à sa commodité & en son particulier. Il y falloit des paroles. Afin qu'elles fussent justes, Lulli faisoit un canevas de vers (...). Il apliquoit lui-même à ces airs de mouvement & à ces divertissemens, des vers, dont le mérite principal étoit de quadrer en perfection à la Musique, &il envoyoit cette brochure à Quinault, qui ajustoit les siens dessus. (...) Le Musicien avoit & le talent de mener le Poëte par la main. Quinault se retira du devant de la scène en 1686, invoquant son état de santé fragile. Louis XIV lui accorda une pension de 2.000 livres et l'ordre de Saint-Michel. Il s'éteignit pieusement le 26 novembre 1688 à Paris. Le Soleil peint nos champs des plus vives couleurs, Il a séché les pleurs, Que sur l'émail des prez a répandu l'Aurore; Et ses rayons nouveaux ont déjà fait éclore Mille nouvelles fleurs. Atys, Acte I, scène 2.
Pour en savoir plus : Quinault, librettiste de Lully, Le poète des Grâces Traduit de l’anglais (États-Unis) par Thomas Vernet et Jean Duron, dans une version revue et augmentée par l’auteur d’après le livre « Touched by the Graces», Summa Publications, 2001. Editions Mardaga. Voir sur le site des Editions Mardaga Touched by the Graces : The libretti of Philippe Quinault in the Context of French Classicism Buford Norman ISBN 1-883479-35-5 Summa Publications, Inc. P.O. Box 660725 Birmingham, AL 35266-0725 USA (version française en préparation) Quinault, livrets d'opéras Toulouse, Société de Littératures Classiques, 1999, 2 vol. Edition de tous les livrets d'opéras de Quinault, annotée par M. Buford Norman - Librairie H. Champion, Paris Lully and Quinault : musico-dramatic synthesis in the "tragédies en musique" Wright, Terrence D / Univ. Microfilms International / 1985 Alceste la querelle d'alceste Droz / 1995 / Textes Litteraires Francais La tragi-comédie Hélène Baby De Corneille à Quinault Klincksieck / 2000 / Bibl.age Classique "Quinault et Lully ou l'accord de deux styles" Yves Giraud, Marseille / 1973 Philippe Quinault, sa vie et son oeuvre Etienne Gros, Paris, Champion / 1926 Thèse : L' écriture de l'enchantement : magie et magiciens dans la littérature française du XVIIème siècle. Nom de l'auteur : Courtes Noëmie Date d'enregistrement : 1998/01 Numéro de thèse : 9708552Z Université Paris IV Thèse : Etude rhétorique des tragédies lyriques de Philippe Quinault. Nom de l'auteur : Gervais Philippe Date d'enregistrement : 2000/05 Université Paris III Thèse : Poésie dramatique et prose du monde. Etudes des formes et règles de comportement dans la tragédie en France des premières tragédies de Corneille et de Rotrou aux dernières tragédies de Quinault et de Boyer ( 1634 - 1697 ) . Nom de l'auteur : Vialleton Jean-Yves Date d'enregistrement : 1995/11 Numéro de thèse : 9601018N Université Paris IV Thèse : Etude rhétorique des tragédies lyriques de Philippe Quinault. Nom de l'auteur : Gervais Philippe Date d'enregistrement : 2000/05 Numéro de thèse : 9914890E Université Paris III |