Pierre CORNEILLE



Oeuvres communes:

- Psyché (1671)
- Entractes d'Oedipe (1664)

Ce poète dramatique français est né à Rouen en 1606 et mort à Paris en 1684. Il obtint dans un premier temps une double charge d'avocat du roi au siège des Eaux et Forêts et à la Table de marbre du Palais, mais se passionna vite pour le théâtre. Il commença à écrire quelques comédies, dont "l'Illusion Comique". Mais il conquit le public grâce à la tragi-comédie du "Cid" (1636). Ses tragédies "Horace" (1640), "Cinna" (1641), "Polyeucte" (1641-1642), "Rodogune" (1644-1645) et sa comédie "Le Menteur" (1643) connurent un grand succès. La France, qui se trouvait dans une situation instable lors de la régence d'Anne d'Autriche avec Mazarin, réserva un grand succès à ses tragédies exaltant les héros aristocratiques dans le cadre monarchique. L'écrivain s'engagea dans le combat politique pour le maintien de la monarchie avec deux tragédies, "Nicomède" et "Pertharite" (1651), mais l'échec de cette dernière pièce l'incita à s'éloigner du théâtre. Il employa sa retraite à la traduction et à la versification de "l'Imitation de Jésus-Christ". Il établit, en outre, une édition complète de ses "oeuvres, accompagnée de "Trois Discours sur le poème dramatique" et d'"Examens sur ses pièces". Il commença aussi une pièce à machines: "La Toison d'or" pour le marquis de Sourdéac. Il revint au théâtre en 1659 avec "Oedipe". Mais la complexité de ses pièces "Sertorius", "Sophonisbe", "Othon", "Agésilas", "Attila", "Tite et Bérénice" et "Suréna" dérouta le public, qui goûtait la simplicité des tragédies de Racine et de Quinault. "Psyché", tragi-comédie-ballet avec intermèdes, fut l'occasion pour Corneille d'aborder une forme plus souple de déclamation. Il collabora pour cette oeuvre avec Molière et Quinault.



L'amour naissant

Psyché :

A peine je vous vois, que mes frayeurs cessées
Laissent évanouir l'image du trépas.
Et que je sens couler dans mes veines glacées
Un je ne sais quel feu que je ne connais pas.
J'ai senti de l'estime et de la complaisance,
De l'amitié, de la reconnaissance;
De la compassion les chagrins innocents
M'en ont fait sentir la puissance;
Mais je n'ai point encor senti ce que je sens.
Je ne sais ce que c'est, mais je sais qu'il me charme,
Que je n'en conçois point d'alarme:
Plus j'ai les yeux sur vous, plus je m'en sens charmer.
Tout ce que j'ai senti n'agissait point de même,
Et je dirais que je vous aime,
Seigneur, si je savais ce que c'est d'aimer,
Ne les détournez point, ces yeux qui m'empoisonnent,
Ces yeux tendres, ces yeux perçants, mais amoureux,
Qui semblent partager le trouble qu'ils me donnent.
Héla! plus ils sont dangereux,
Plus je me plais à m'attacher sur eux.
Par quel ordre du ciel, que je ne puis comprendre,
Vous dis-je plus que je ne dois,
Moi de qui la pudeur devrait du moins attendre
Que vous m'expliquassiez le trouble où je vous vois?
Vous soupirez, Seigneur, ainsi que je soupire:
Vos sens comme les miens paraissent interdits.
C'est à moi de m'en taire à vous de me le dire;
Et cependant c'est moi qui vous le dis.

(...)

L'Amour :

Je suis jaloux, Psyché, de toute la nature!
Les rayons du soleil vous baisent trop souvent,
Vos cheveux souffrent trop les caresses du vent.
Quand il les flatte, j'en murmure!
L'air même que vous respirez
Avec trop de plaisir passe sur votre bouche.
Votre habit de trop près vous touche!
Et sitôt que vous soupirez
Je ne sais quoi qui m'effarouche
Craint, parmi vos soupirs, des soupirs égarés!

Psyché.



Pour en savoir plus :

Oeuvres en ligne

Oeuvres complètes
Gallimard / 1987

Oeuvres complètes
Seuil

Théâtre complet
Editeur Garnier Frères Collection Classiques Garnier

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