![]() Oeuvre commune : - Bellérophon 1679 (?) Nicolas Boileau, dit Despréaux, était le fils d'un greffier de la
Grand-Chambre du Parlement de Paris. Il fit des études de droit et
prêta son serment d'avocat en 1656. Son aisance financière lui permit
d'abandonner le barreau et de choisir un métier littéraire. Ses amis
furent Furetière, Racine, La Fontaine, Molière ou encore Ninon de
Lenclos, Champmeslé. En 1660, la publication de ses "Satires" le
rendit célèbre. Il entra à la Cour en 1672 et fut nommé historiographe
royal avec Racine, en 1677. En 1683, il fut reçu à la Petite Académie.
Inspiré par le latin Horace, il écrivit des poésies morales et
satiriques: "Satires", "Epîtres", "L'Art Poétique" (1674), "Le Lutrin"
(1674-1683). Il attaqua sans relâche les auteurs, qui, selon lui,
n'étaient pas dignes de figurer au panthéon des grands auteurs
classiques. S'il fut l'ami de Molière et de Racine, Quinault,
à l'instar de Pierre Corneille, endura ses critiques perpétuelles.
En 1683, il entra dans "la Petite Académie", institution visant à
unifier les productions littéraires et artistiques des Académies
Royales: l'Académie Royale de la Danse (1661), l'Académie Royale de la
Peinture (1664), l'Académie Royale des Sciences (1669), l'Académie
Royale de Musique (1672).
Les rapports entre Boileau et Lully sont troubles. Il fustigea le libertinage de Baptiste (jamais sa musique) dans ses satires: "Et tous ces lieux communs de morale lubrique, Que Lully rechauffa des sons de sa musique ?" Il critiqua fortement le style "tendre" des tragédies de Quinault. "Si je veux exprimer un auteur sans défaut, La raison dit Virgile, et la rime Quinault". "Les héros de Quinault parlent bien autrement, Et jusqu'à "Je vous hais!" tout se dit tendrement." Le moraliste, qu'il était, jugeait les tragédies lyriques incitatives à la débauche. Il figure pourtant parmi les librettistes de Lully! Boileau fut celui qu'on appelle en désespoir de cause. Il vint au secours de Racine, qui s'était vu commander un "Phaëton" pour Lully. Il raconte: "Nous estions occupés à ce misérable travail dont je ne sçay si nous nous serions bient tirés, lorsque tout à coup un heureux incident nous tira d'affaire. L'incident fut que Monsieur Quinault s'estant presenté au Roy les larmes aux yeux, et lui ayant remonstré l'affront qu'il alloit recevoir s'il ne travailloit plus aux divertissements de sa Majesté, le Roy touché de compassion declara franchement aux Dames dont j'ay parlé, qu'il ne pouvoit se resoudre à lui donner ce deplaisir. Nous retournâmes donc, monsieur Racine et moi, à notre premier emploi." Devant le désespoir de Thomas Corneille, Boileau accepta de collaborer à l'écriture de "Bellérophon". Selon Fontenelle, Boileau aurait bien écrit le prologue, un morceau du IVème acte et les petits vers des divertissements. Il s'en vanta d'ailleurs: "Tout ce qui s'est trouvé de passable dans Bellérophon, c'est à moi qu'on le doit." Il incorpora l'Académie Française en 1684. Il mourut en 1711, dernier écrivain de sa génération. Par cet auguste roy la discorde est bannie; pour tous les Dieux sa gloire a tant d'appas Que Pan luy-même, oubliant nos débats, Vient icy de nos chants augmenter l'harmonie; Bacchus ainsi que luy va se joindre avec nous Pour rendre nos accords plus charmants et plus doux. Bellérophon, Prologue.
Pour en savoir plus : Texte en ligne : "le Lutrin" "Racine et Boileau librettistes" Revue d'Histoire Littéraire de la France, p. 246 à 255 / 1949 Oeuvres complètes Gallimard Satires Epitres L'Art poétique Nicolas Boileau Gallimard / 1985 L'art poétique Direction Sylvain Menant Flammarion Lettres d'une amitié Nicolas Boileau Jean Racine Correspondance 1687-1698 Bartillat Traité du sublime Longin |