![]() - L'Idylle sur la Paix 1685 Jean Racine naquit en 1639 à La Ferté-Millon, dans un famille modeste.
Le jeune Racine suivit l'enseignement rigoureux des jansénistes de
Port-Royal. Il eut très tôt un goût pour l'écriture et la lecture des
grands textes de la mythologie antique et biblique. Il entra en 1658
au collège parisien d'Harcourt encore dirigé par des jansénistes.
Renonçant à la prêtrise, il choisit un métier littéraire. En 1660,
il écrivit une ode dédiée à la reine Marie-Thérèse d'Autriche
"la Nymphe de la Seine" à l'occasion du mariage de Louis XIV.
En 1663, il publia "Sur la convalescence du roi", ode qui lui valut
une récompense de 600 livres, et "la Renommée aux muses" dans laquelle
il remercie le roi de sa générosité. Il connut un immense succès grâce
à neuf grandes tragédies. La première, "la Thébaïde ou les Frères
ennemis", fut créée en 1664 par Molière. La seconde "Alexandre le
Grand" fut d'abord jouée par la troupe de Molière, mais Racine,
mécontent du jeu des acteurs, confia la pièce à la troupe rivale de
l'Hôtel de Bourgogne. La rupture avec Molière fut définitive. En 1666, Racine rompit tout lien avec les jansénistes. L'un d'eux, Pierre Nicole, avait, en effet, fustigé l'immoralité du théâtre dans "les Hérésies imaginaires". Racine lui répondit violemment dans une lettre "À l'auteur des Hérésies imaginaires". En 1667, Racine "vola" à Molière une de ses meilleures actrices Marquise Du Parc pour lui confier le rôle d'Andromaque. La tragédie connut un succès éclatant à la Cour. En représaille, Molière fit jouer "La Folle Querelle", pièce écrite par Subligny en forme de pamphlet contre Racine. La réponse de ce dernier fut une comédie "Les Plaideurs" (1668), se moquant des comédies de Molière. "Britannicus" emprunta un thème cher à Corneille, à savoir la dramaturgie politique. Racine crût que Corneille était à l'origine des nombreuses critiques concernant les libertés qu'il a prises avec l'histoire de Rome. Il signa contre son rival une préface polémique qu'il adoucit postérieurement sur les conseils de Boileau. "Bérénice" fut jouée, en 1670, avec La Champmeslé dans le rôle principal. "Ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie; il suffit que l'action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s'y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. [...] Il n'y a que le vraisemblable qui touche dans la tragédie.» Suivirent les tragédies "Bajazet" (1671), "Mithridate" (1672). Racine entra à l'Académie Française en 1673 et reçut la prestigieuse charge de trésorier de France au bureau des finances de Moulins en 1674. Il se tourna vers la tragédie grecque avec "Iphigénie en Aulide" (1674) et "Phèdre" (1677). Cette dernière pièce fut l'objet d'une nouvelle querelle. Une pièce concurrente de Pradon "Phèdre et Hippolyte" fut jouée au même moment. Les pamphlets s'échangèrent avec violence mais Racine sortit gagnant de la querelle, notamment grâce à l'intervention du Grand Condé. En 1677, il fut nommé historiographe du roi, aux côtés de Boileau. Ebranlé par le déchaînement des passions occasionné par "Phèdre", il préféra délaisser la tragédie. Protégé par le roi, il est nommé en 1690 gentilhomme ordinaire du roi. Il finit par se réconcilier avec les jansénistes et ses dernières oeuvres furent consacrées à des thèmes religieux. Il écrivit deux tragédies bibliques "Esther" et "Athalie" à la demande de Madame de Maintenon, pour les demoiselles de St-Cyr. Il publia aussi des poèmes "Cantiques spirituels" (1694) et un "Abrégé de l'histoire de Port-Royal" (1698). Il connut la disgrâce à cause d'un écrit critiquant la politique du roi et mourut en 1699. ![]() Portrait présumé de
la Champmeslé. Racine ne montrait guère d'enthousiasme à travailler pour l'opéra. Boileau, son ami, raconte: "Mme de Montespan et Mme de Thiange sa soeur, lasses des opéras de M. Quinault, proposèrent au roi d'en faire faire un par M. Racine, qui s'engagea assez légèrement à leur donner satisfaction, ne songeant pas dans ce moment-là à une chose, dont il était plusieurs fois convenu avec moi, qu'on ne peut jamais faire un bon opéra... (...) Mais comme Racine n'entreprenait cet ouvrage qu'à regret, il me témoigna résolument qu'il ne l'achèverait point que je n'y travaillasse avec lui..." L'écriture de ce livret, dont le sujet était la chute de Phaëton, fut interrompue par l'intervention de Philippe Quinault qui réussit à retrouver la faveur du roi. (voir rubrique "Boileau") Racine, refroidi par les querelles occasionnées par sa dernière tragédie "Phèdre", finit par se tourner vers le domaine de la poésie mise en musique. "Esther" (1689) et "Athalie" (1691) furent agrémentées par des airs et des choeurs composés par Jean-Baptiste Moreau. L'Idylle sur la Paix fut l'unique collaboration entre Racine et Lully. L'oeuvre fut commandée pour la venue de Louis XIV à Sceaux en 1685, chez le marquis de Seignelay, fils du grand Colbert. Cette visite eut lieu peu de temps après la trêve de Rastibonne, signée le 15 août 1684. Le texte de Racine se fait l'écho du déroulement des combats ayant abouti à cette paix salutaire. Qu'il règne ce héros, qu'il triomphe toujours. Qu'avec lui soit toujours la paix ou la victoire. Que le cours de ses ans dure autant que le cours De la Seine et de la Loire. Qu'il règne ce héros, qu'il triomphe toujours. Qu'il vive autant que sa gloire. L'Idylle sur la Paix Pour en savoir plus : Site Jean Racine Oeuvres en ligne "Racine et Boileau librettistes" Revue d'Histoire Littéraire de la France, p. 246 à 255 / 1949 Oeuvres complètes Jean Racine Seuil Oeuvres complètes Jean Racine Gallimard (relié) |