MONSIEUR DE POURCEAUGNAC

LE GRAND DIVERTISSEMENT ROYAL DE CHAMBORD

Comédie-ballet en trois actes en prose et vers,
créée le 6 octobre 1669 à Chambord,
reprise le 4 novembre 1669.




Leurs Majestés continuent de prendre ici le divertissement de la chasse ; et hier Elles eurent celui d'une nouvelle comédie, par la troupe du Roi, entremêlée d'entrées de ballet, et de musique, le tout si bien concerté, qu'il ne se peut rien voir de plus agréable. L'ouverture s'en fit par un délicieux concert, suivi d'une sérénade de voix, d'instruments et de danses, qui, par leurs chansons et leurs danses, plurent grandement aux spectateurs. La décoration de la scène était pareillement si superbe, que la magnificence n'éclata pas moins digne de cette belle cour que tous ceux qui l'ont précédé.
Robinet.

Robinet parlant de la Cour :

Elle eut un régale nouveau,
Egalement galant et beau,
Et même aussi fort magnifique,
De comédie et de musique,
Avec entr'actes de ballet
D'un genre gaillard et follet,
Le tout venant, non de copiste,
Mais vraiment du seigneur Baptiste
Et du sieur Molière, intendants
(Malgré tous autres prétendants)
Des spectacles de notre Sire.

Molière tenait le rôle-titre tandis que Lully jouait un musicien italien. Mais une anecdote affirme que Lully a endossé le rôle de M. de Pourceaugnac, sans que l'on sache si elle est vraie ou non.

"On dit que Lully, ayant eu le malheur de déplaire au Roi, voulut essayer de rentrer dans ses bonnes grâces par une plaisanterie. Pour cet effet, il joua le rôle de Pourceaugnac devant Sa Majesté, et y réussit à merveilles, surtout à la fin de la pièce, quand les apothicaires, armés de leurs seringues, poursuivent M. de Pourceaugnac : car Lully, après avoir longtemps couru sur le théâtre pour les éviter, vint sauter au milieu du clavecin qui était dans l'orchestre, et mit le clavecin en pièces. La gravité du Roi ne put tenir contre cette folie, et Sa Majesté pardonna à Lully en faveur de la nouveauté."
Cizeron Rival


Illustration François Boucher

Oronte souhaite que sa fille, Julie, épouse M. de Pourceaugnac, un riche bourgeois venu du Limousin. Mais la jeune fille aime Eraste. Son amant élabore un plan afin de tourner M. de Pourceaugnac en ridicule et d'empêcher ce mariage. Le limousin se voit alors victime des pires farces.

1er intermède

L'ouverture se fait par un grand concert d'instruments. Après, c'est une sérénade composée de chants, d'instruments, et de danses, dont les paroles, chantées par trois voix en manière de dialogue, sont faites sur le sujet de la comédie, et expriment les sentiments de deux amants qui, étant bien ensemble, sont traversés par le caprice des parents. La danse est composée de deux maîtres à danser, de deux pages et de quatre curieux.

2ème intermède

Eraste veut faire passer M. de Pourceaugnac pour fou. Un médecin diagnostique une mélancolie hypocondriaque et ordonne pour remède à la guérison un mélange composé d'instruments, de deux musiciens italiens, et de six matassins. L'un des musiciens iatliens nommé il signor Chiacchiarone était joué par Lully. Lorsqu'on apporte le lavement, les deux musiciens, accompagnés des matassins et des instruments, chantent le désormais célèbre "Piglia-lo-sù".

3ème intermède

M. de Pourceaugnac se voit accuser de faillite personnelle, puis de polygamie. Il consulte deux avocats musiciens, dont l'un parle fort lentement, et l'autre fort vite, accompagnés de deux procureurs danseurs et de deux sergents. Outre tous ces méfaits, on accuse encore le pauvre bonhomme d'avoir enlevé Julie. Pris par la peur d'être pendu haut et court pour toutes ces incriminations, M. de Pourceaugnac préfère fuir la capitale. Eraste prétend alors avoir libéré Julie des mains de son ravisseur. En récompense, il obtient l'autorisation de l'épouser.

4ème intermède

Une quantité de masques de toutes les manières, dont les uns occupent plusieurs balcons et les autres sont dans la place, par plusieurs chansons et divers danses et jeux, cherchent à se donner de plaisirs innocents.



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