DUNKERQUE




L'histoire de la ville de Dunkerque fut émaillée de sièges et destructions successifs. Sa situation stratégique attisa les convoitises des Espagnols, Anglais, Français et Hollandais. En 1658, Turenne prit la ville mais dut la rendre aux Anglais en application des accords négociés entre Mazarin et Cromwell. L'Angleterre finit par monnayer la ville à la France en 1662. Louis XIV demanda aussitôt à Vauban de fortifier la cité pour la protéger des sièges.
Lorsque l'ingénieur arriva à Dunkerque, ce fut le coup de foudre. Il mit tout son coeur et toute son énergie à l'ouvrage.

Colbert écrit à Vauban :
"Je ne doute pas que vous ne considériez ce travail comme l'une des plus belles choses que vous ayez faites jusqu'à présent, puisque toutes les apparences veulent que vous puissiez donner à Dunkerque un port qui le rendra capable de recevoir des vaisseaux jusqu'à sept à huit cents tonneaux, en sorte que le Roi pourra tenir une escadre aussi forte qu'il lui plaira et par conséquent augmenter considérablement sa puissance maritime."

Le projet conçu par Vauban vise à aménager un bassin capable d'accueillir les plus grands navires. L'entrée du chenal permettant d'accéder au bassin est protégé par deux fortins sur pilotis et un fort, le Risban, solidement armé de soixante-dix pièces d'artilleries.

"De tous les ports de France, Dunkerque est peut-être le plus remarquable par les prodigieux ouvrages qu'on y a faits, par les esplanades des montagnes et des dunes, par les écluses, par la ville et la citadelle revêtues de briques jusqu'au haut du parapet, par des tours sur un banc de sable pour la défense de la rade, pour le havre, et dont on a fait monter la dépense qu'on y a faite jusqu'à douze millions de livres."

Spanheim, "Relation de la Cour de France" (1690)

Dunkerque abrita alors de nombreux corsaires. Ceux-ci, contrairement aux pirates, agissaient en toute légalité. Ils recevaient du roi des "lettres de course" les habilitant à attaquer les navires de guerre et de commerce pour protéger les convois de ravitaillement.



Plan de la place de Dunkerque avec le Risban en 1695.


Le 18 mai 1671, les fortifications de Vauban furent visitées par le roi et sa Cour. L'ouvrage fut célébré en grande pompe. On joua la tragédie-ballet Psyché, servie par des effectifs conséquents. Sept cent tambours occupèrent la contrescarpe, les fifres, les hautbois et les trompettes : le fossé. Chanteurs et violons étaient abrités par trois grandes tentes. La descente de Vénus coïncida avec l'arrivée de la Reine. Lully réclama le concours des canons de l'Artillerie pour mieux illustrer le caractère belliqueux du dieu Mars à la fin de l'oeuvre.

"Le jour de la représentation, on chanta le prologue et la finale de Psyché avec accompagnement de tous ces instruments, employés avec tant d'adresse qu'ils produisirent l'effet de grandeur héroïque que désirait le musicien. Sur le dernier accord on tira une salve de quatre-vingts coups de canon qui donna aux spectateurs un plaisir mêlé d'effroi."
La Gazette


"Cette musique différente
Non moins aimable que tonnante,
Causait de divers sentiments,
Tantôt craintifs, tantôt charmants"
La Gravette de Mayolas


Les chemins de Vauban et de Lully se croisèrent à nouveau en 1681, lorsque l'ingénieur vint à Paris assister à la représentation du Triomphe de l'Amour au Palais Royal. Par leur grâce et leur légèreté, les violons et les ballets de Lully auraient ému le guerrier endurci.

Les fortifications furent détruites au XVIIIème siècle suite à la conclusion du traité d'Utrecht (1713) entre la France et l'Angleterre.

Ville fortifiée par Vauban




Vauban.

Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban (1633-1707), ingénieur militaire et maréchal de France.
Né à St-Léger-de-Fougeret en 1633, Vauban était issu d'une famille pauvre. Attaché à un gentilhomme partisan de la Fronde, Vauban montra sa compétence en matière de fortifications au siège de Sainte-Menehould en 1651.
Fait prisonnier en 1653, Mazarin le convainquit de rejoindre les troupes royales. Il obtînt son brevet d'ingénieur du roi, deux ans plus tard. Ses travaux au cours de la guerre des Flandres (1655-1659), des sièges de Lille, de Maastricht (1673), de Besançon et Dôle (1674) firent de lui un proche collaborateur de Colbert et de Louvois. En 1678, il devint commissaire général des fortifications et crée après la paix de Nimègue une ceinture de fortesses de Dunkerque aux Pyrénées Orientales. Il achèva la ligne de défense avec Luxembourg (1683), Mons (1691), Namur (1692), Charleroi (1693), Brest (1694). Le roi le nomma maréchal de France en 1703 et chevalier des ordres du roi en 1705.
Il écrivit un ouvrage "la Dîme Royale" dans lequel il attribuait la misère du peuple à la charge exhorbitante des impôts. Le livre fut saisi et interdit par le Parlement. Tombé en disgrâce, il mourut en 1707.


La patrie de Jean Bart




Jean Bart.

Jean Bart naquit le 25 octobre 1650 à Dunkerque. Après avoir passé quelques années au service des Pays-Bas, Jean-Bart retourne à Dunkerque et se range du côté français lorsqu'éclate la guerre franco-hollandaise en 1672. Il incorpora la Marine Royale en 1679 au grade de lieutenant de vaisseau. En 1683, il fit campagne en Méditerranée contre l' Espagne, puis rejoignit la Manche à partir de 1688. Nommé capitaine de vaisseau en juin 1689, il met au point une tactique de guerre basée sur l'utilisation de divisions de frégates rapides et maniables. A la tête d'une escadre de corsaires dunkerquois, il anéantit le commerce hollandais, détruisant plus de 3.000 navires et faisant 30.000 prisonniers. Capitaine de vaisseau en juin 1689, il met au point une tactique de guerre basée sur l'utilisation de divisions de frégates rapides et maniables. Las de subir des pertes importantes, les escadres ennemies décident de faire le blocus de Dunkerque afin d'interdire aux corsaires dunkerquois l'accès à la haute mer, en 1691. Mais Jean Bart parvint finalement à forcer le barrage. Son plus grand exploit fut la prise d'un convoi de navires hollandais chargés de blé le 18 juin 1694 au cours de la bataille du Texel. Sauvant la France de la famine, Jean Bart se vit récompensé pour sa valeur et sa bravoure par Louis XIV qui lui délivra des "Lettres de Noblesse". Il fut nommé chef d'escadre en avril 1697. Revenu à Dunkerque aprés avoir accompagné le Prince de Condé candidat au trône de Pologne et jouissant d'une popularité quasi légendaire, Jean Bart mourut le 27 Avril 1702.

Les exploits de Jean Bart furent évoqués dans le prologue d'Isis :
"Le théâtre représente le Palais de la Renommée. Il est ouvert de tous côtés pour recevoir les nouvelles de ce qui se fait de considérable sur la Terre et de ce qui se passe de mémorable sur la Mer, que l'on découvre dans l'enfoncement."

Neptune à la Renommée :
Mon empire a servi de théâtre à la guerre,
Publiez des exploits nouveaux
C'est le même vainqueur
Si fameux sur la terre
Qui triomphe encor sur les eaux.


Retour
Sommaire