COSTUMES


La plupart des costumes des premiers divertissements royaux furent réalisés par Henry de Gissey (ballets, carrousel...). Ensuite, Jean Berain exerça cette fonction avant de s'intéresser aux décors de théâtre.
Les frais engagés dans la confection des costumes ne connaissaient pas de limite. Si les observateurs de l'époque affirmaient la supériorité des italiens en matière de décors et machines, ils reconnaissaient celle des français en matière vestimentaire. En 1702, les français "l'emportent sur les Italiens dans les opéras par les habillements : ils sont d'une richesse, d'une magnificence et d'un goût qui passent tout ce que l'on peut voir ailleurs".



Costume de Diane


Les comédiens avaient alors l'obligation professionnelle de détenir une garde-robe somptueuse. Une taille adaptée des vêtements facilitait les gestes et les mouvements chorégraphiques.
En raison des difficultés rencontrées pour éclairer la scène, les costumes devaient briller pour renvoyer la lumière.

Les costumes étaient très riches, embellis de broderies, de plumes, de gaze, de pierres, de perles, de rubans et fleurons. On utilisait des tissus nobles tels que des toiles d'or, d'argent, du velours, des satins. Les couleurs, vives, illustraient la psychologie des personnages.
Les motifs utilisés étaient des symboles simples : étoiles jaunes sur fond bleu pour la nuit, flammes oranges et rouges pour la Furie, écailles bleues et argentées pour les Tritons..


Tritons, dans "Les Amants Magnifiques".


Même si, en 1682, le père Menestrier conseillait aux costumiers :
"Si les personnages sont historiques, il faut autant que l'on peut s'attacher à la forme des habits de leur temps", les costumes n'obéissaient, en général, pas aux impératifs historiques.
Pour Amadis, Berain fournit un travail de recherche historique exceptionnel pour l'époque. Ainsi, le costume du héros fut très inspiré de la mode renaissance : un décolleté carré s'ouvrant sur une chemise plissée, le chapeau avec des petits bords relevés.
Il inventa par la même occasion la manche dite "Amadis", qui avait pour but premier de cacher les bras trop maigres d'une actrice.

Les opéras de Lully dictant la mode vestimentaire à Paris? Très certainement puisqu'en 1673, le Mercure Galant fait référence à la mode des "jupes à la Psyché". Il y a aussi les rubans "Dépêchez, préparez ces lieux", couverts de petits marteaux et d'enclumes!

Les costumes cachaient parfois des trésors d'ingénuosité. Dans Amadis, Berain explique comment la métamorphose des monstres de l'acte II en nymphes se produit :
l'actrice devra se présenter sur scène, courbée, jupe relevée, montrant au public un masque aux couleurs affreuses fixé "au derier" (comprenez derrière). Lors de la transformation, elle se redressera et laissera tomber sa jupe pour apparaître au public.
Ce genre de métamorphose était assez courant : Atys est transformé en pin par Cybèle. Dans "Phaëton", Protée disparaît et se mue successivement en lion, en arbre, en monstre marin, en fontaine et en flamme pour reprendre enfin sa forme naturelle.
Dans "Isis", Argus est transformé en paon et Hiérax en oiseau de proie. Dans "Proserpine", Ascalphe est transformé en hibou et s'envole.


Etude pour les costumes des Jeux Pythiens.


ACCESSOIRES


Le vêtement s'accompagnait de divers accessoires : flambeaux portés par les furies ou les démons (Thésée acte IV : Les Furies sortent tenant un tison ardent d'une main et un couteau de l'autre), bâtons par les magiciens, marteaux et pelles par les forçats, etc. Les Dieux se munissaient de leur emblème : Vulcain son enclume, Saturne une faux, Cybèle un sceptre, Armide et Médée, des baguettes magiques.


Le Dieu Fleuve, muni d'un roseau (Psyché).


En outre, le port du masque revêtait une importance particulière. Jusqu'en 1660 environ, tous les acteurs/danseurs portaient des loups. (Les chanteurs ne paraissaient pas sur scène.)
Il permettait d'aborder des personnages basanés, tels les "sauvages" ou les Indiens. Les traits des masques étaient outranciés pour les rôles comiques, fins et délicats pour les personnages de nymphes.
L'objet en lui-même était fait de cuir, de parchemin ou papier moulé.

Enfin, la coiffure était l'objet de tous les soins. Perruques, plumes d'autruche et postiches en tout genre faisaient du chef des acteurs une véritable oeuvre d'art.



Coiffes pour "Les Plaisirs de l'Ile Enchantée".

Sommaire