Vaux

Issu d'une famille de robe, Nicolas Fouquet siégea tout d'abord au Parlement de Paris. Il fut ensuite appelé à exercé la fonction de Surintendant des Finances. Fouquet put ainsi amasser une fortune insolente, à l'image de Mazarin qui, cependant, eu la délicatesse de léguer son argent à son royal filleul Louis XIV. Fouquet préféra profiter de sa fortune de son vivant. En 1656, il déboursa 18 millions de livres pour faire bâtir un château dans sa seigneurie de Vaux. Les 3 "Le", encore peu connus, se mirent à l'ouvrage : Le Vau à l'architecture, Le Brun à la décoration intérieure et Le Nôtre aux jardins.
Le parc de 33 hectares nécessita la destruction de trois villages avoisinants. Le Nôtre aménagea des jardins à la française en domptant le reliefs naturel des lieux. 36 bassins disposés de façon rigoureusement symétrique autour d'un rond d'eau. En progressant vers le sud, un grand Miroir Carré, appelé aussi "le Grand Arpent d'eau" au bord duquel se serait assise Madame de Sévigné. De part et d'autre du canal alimenté par la rivière Anqueuil, des cascades et des grottes artificielles abritent deux dieux-fleuve : le Tibre et l'Anqueuil. Une emprunte italienne que l'on retrouve à l'intérieur du château. En continuant vers le sud, le relief originel reprend ses droits. Au dessus des grottes, une balustrades surplombe le jardin et offre une superbe vue sur le château et ses jardins. Un tapis vert achève la perspective.


Au premier plan, les cascades. Puis, les parterres entourant le Rond d'eau. Au fond, le château.

Si l'extérieur du château présente un pur chef d'oeuvre de l'art classique du XVIIème siècle français, l'intérieur n'est pas sans rappeler les salles l'apparat du palais Pitti à Florence. Les plafonds peints représentant des allégories et divinités antiques se mêlent aux stucs et dorures. Subrepticement, apparaissent dans une frise ou autre motif de décoration, un écureuil : animal présent sur les armes de la famille Fouquet ou l'orgueilleuse devise choisie par le Surintendant : "Quo non ascendam". Tout célèbre la gloire du propriétaire des lieux, ce qui n'est pas du goût de tout le monde.


La fête du 17 août 1661

Après 5 ans de travaux ininterrompus, Nicolas Fouquet voulut inaugurer son château de Vaux en présence du Roi et de sa cour. Le cortège royal venait de Fontainebleau et arriva à Vaux en fin d'après-midi. Les invités firent une promenade dans les jardins égayés de jets d'eau et de cascades et animés de jeux et ballets. Une magistrale collation préparée par le célèbre cuisinier Vatel fut servie sur une trentaine de buffets. Attablés à 80 tables, les convives mangèrent dans 6.000 assiettes et 432 plats en argent. Le Roi eut le privilège d'être servi dans de la vaisselle en or massif, alors qu'il dut faire fondre son propre service pour financer la guerre de Trente Ans.
On donna ensuite, dans le jardin vers les grilles d'eau, la comédie-ballet "Les Fâcheux" jouée par la troupe de Molière.


Les grilles d'eau.

La présence de Lully lors de cette fête est tout à fait vraisemblable. Cette visite s'inscrit dans un séjour du Roi à Fontainebleau au cours duquel Lully fit quelques représentations. De plus, un des personnages de la comédie des Fâcheux indique explicitement que "Baptiste le très cher" était dans l'assistance.
Un superbe feu d'artifice embrasa la voûte céleste. Tout ce luxe déployé piqua au vif le jeune Roi qui avoua dans ses mémoires avoir volé de la nourriture dans sa jeunesse pour manger. Il voulut faire arrêter Fouquet sur­le­champ mais la Reine-Mère l'en dissuada. Il le fit 19 jours plus tard. Colbert remplaça son rival.

"Le 17 août à 6 heures du soir, Fouquet était le roi de France;
à 2 heures du matin, il n'était plus rien".
Voltaire

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