Début mars 1646, Lulli arriva au palais des Tuileries à Paris, au service de
la Grande Mademoiselle, comme garçon de chambre.
Officiellement engagé pour s'entretenir avec la duchesse en langue italienne, il fut vite remarqué pour ses prédispositions pour la musique et la comédie. Le florentin put côtoyer des maîtres à danser renommés tels que Bocan, réclamé dans les Cours d'Europe, violon ordinaire du Cabinet du Roy, ou Regnault, qui enseignait le luth à la fille de Gaston d'Orléans et la danse aux pages de la maison princière. Lulli y rencontra aussi le poète Segrais, les musiciens Du Moustier et Lambert, son futur beau-père et le Comte de Fiesque, dont il conserva l'amitié jusqu'à la fin de sa vie. La Grande Mademoiselle se réfugia dans son château de Saint-Fargeau le 23 octobre 1652, c'est-à-dire deux jours après l'entrée de Louis XIV dans Paris. Ne voulant pas "demeurer à la campagne", Lulli demanda congé à sa maîtresse et rentra à Paris. |
![]() La Grande Mademoiselle, Anne-Marie-Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier - Gilbert de Sève.
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Anne-Marie-Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier (1627 - 1693),
surnommée "la Grande Mademoiselle" en raison de sa haute stature.
Fille de Gaston d'Orléans, le frère de Louis XIII, elle fut l'héritière d'une des plus grandes fortunes de France. Déçue de n'avoir pu réaliser ses projets à savoir épouser le roi son cousin, elle prit une part active dans la Fronde des Princes. Elle ligua la ville d'Orléans contre le roi et n'hésita pas à braquer les canons de la Bastille sur les troupes royales lors des combats du faubourg St-Antoine. Lors de l'entrée de Louis XIV à Paris, elle se retira pour quelques temps dans ses terres de St-Fargeau. A 43 ans, elle faillit épouser Lauzun, si ce dernier n'avait pas été emprisonné pour avoir déclenché une des rares colères royales. Elle parvint à libérer son prétendant en cédant les terres de Dombes, Eu et Aumale. Les deux personnages se marièrent secrètement en 1631, mais leur union ne dura guère. |
La construction du Palais des Tuileries fut initiée par Catherine de Médicis en 1654.
Le chantier dirigé par l'architecte Philibert Delorme fut interrompu en 1571. Sous le règne d'Henri IV, le pavillon central flanqué de deux ailes fut relié au Louvre par l'édification d'une grande galerie donnant sur la Seine. C'est ainsi que Lulli connut l'édifice puisque les travaux d'agrandissement menés par Le Vau et D'Orboy et d'aménagement intérieur par Le Brun, Coypel, Girardon et De Champaigne ont été entrepris en 1659. Le personnel de la maison demeurait dans un petit corps de logis à côté de la Grande Ecurie Royale. |
La Salle des Machines Trouvant le Louvre incommode, Louis XIV choisit de passer trois hivers (de 1677 à 1671) aux Tuileries, dans le Pavillon de Marsan construit à cet effet. Il se trouvait ainsi à proximité de la Salle des Machines. Cette salle de spectacle fut commandée par Mazarin à la famille Vigarani en vue de la création de l'opéra de Cavalli "Ercole Amante" pour le mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse d'Espagne. Les travaux ayant pris beaucoup de retard, la représentation n'eut pas lieu à l'endroit prévu. La salle servit plus tard pour les créations de "Xerxès" (Cavalli) et de "Psyché". Les proportions monumentales de la construction - la salle pouvait contenir jusqu'à 5.000 spectateurs!- avaient le fâcheux désavantage de nuir à la qualité de l'accoustique. Cela explique la désaffection dont elle fut l'objet. Elle abrita l'Opéra après un incendie de la salle du Palais Royal en 1763, puis le Comité de Salut Public en 1793 et enfin le Conseil des Anciens sous le Directoire. Elle fut ravagée par le feu en 1871. |