Sceaux

L'existence de la ville paraît remonter au XIIème siècle, sous l'appellation de "Ceaux" (du latin cellae : petites maisons). La cité fut érigée en paroisse indépendante en l'an 1203. Au XVème siècle, le conseiller au Parlement Jehan Baillet réunit les trois fiefs en un grand domaine seigneurial. La famille des Potier de Gesvres édifia un premier château en 1597. Le ministre de Louis XIV, Colbert, acquit en 1670 les terres appartenant aux héritiers du duc de Tresnes. Il démolit le château existant pour en élever un autre au même emplacement. L'ouvrage conçu par Claude Perrault et décoré par Le Brun fut inauguré en 1677 en présence du Roi. La somptueuse résidence fut agrémentée de jardins à la française dessinés par Le Nôtre et de statues de Puget et Girardon.


Le château de Sceaux au XVIIème siècle.

Le fils du ministre : Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay hérita du domaine en 1683. Il agrandit le parc et demanda à Jules Hardouin-Mansart de construire une Orangerie. C'est précisément dans cette annexe, que Lully fit résonner les premières notes de l'Idylle sur la Paix, lors de la grande fête organisée le 16 juillet 1685. La bâtisse mesurait à l'origine 90 mètres de long. Sa façade sud comprenait treize grandes baies cintrées laissant pénétrer la lumière du soleil indispensable à la croissance des orangers. Deux des travées et le pavillon côté-est ne résistèrent pas aux combats de la guerre de 1870.


L'orangerie

"Il y eut une fête à Meudon, et une quelques jours après à Sceaux ; le vilain temps gâta un peu celle de Meudon ; et celle de Sceaux, du consentement de tous les courtisans, est la plus belle fête qu'on ait jamais donnée au roi."
Dangeau

"Le 16 de ce mois, le Roi, accompagné de Monseigneur le Dauphin, de Madame la Dauphine, de Monsieur et de Madame, alla à Sceaux. Sa Majesté y eut d'abord le divertissement d'un opéra, dont les vers ont été faits par le sieur Racine, trésorier de France, de l'Académie Française. Le marquis de Seignelay, secrétaire d'Etat, traita ensuite le Roi et toute la cour avec une magnificence extraordinaire."
La Gazette.

Comme à son habitude, Mme de Sévigné parla de cette fête dans une missive adressée à sa fille fin juillet 1685 :

"Mme de la Fayette m'a envoyé une relation de la fête de Sceaux, qui nous a fort divertis. Qu'elle était jolie! qu'il y a d'esprit et d'invention dans ce siècle! que tout est nouveau, galant, diversifié! je ne crois pas qu'on puisse aller plus loin. La querelle de Mmes d'Heudicourt et de Poitiers est plaisante: ah! que cette dernière disait vrai : "Vous êtes un plaisant visage de fête!" Vraiment elle a raison : il faut dans une fête un visage qui ne gâte point la beauté de la décoration ; et quand on n'en a point, il en faut emprunter, ou n'y point aller"


Les "eaux bondissantes" auxquelles Racine
fait référence dans l'Idylle sur la Paix.

Plus tard, la propriété fut revendue au duc du Maine (fils légitimé de Louis XIV et de Mme de Montespan). Son épouse Louise Bénédicte de Bourbon réunit autour d'elle de nombreux littéraires et politiques (dont Fontenelle et Voltaire) lors des fameuses "Nuits de Sceaux". Passé aux mains du Penthièvre, le château fut vendu comme bien national pendant la Révolution (1793) et rasé en 1799 par son nouveau propriétaire : Jean-François-Hypolyte Lecomte. Le marquis de Trévise reconstruisit finalement le château actuel en 1856 dans un style Louis XIII.






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