JEAN GALBERT DE CAMPISTRON


Oeuvres communes :

- Acis & Galatée 1686
- Achille & Polixène 1687

De famille noble originaire de l'Armagnac, ce poète et auteur dramatique français naquit à Toulouse le 3 août 1656. Sa jeunesse fut tumultueuse : désintérêt pour des études pourtant brillantes chez les jésuites, blessure au cours d'un duel provoqué par une affaire de coeur. Il vint à Paris, où il se lia d'amitié avec le célèbre comédien Jean-Baptiste Raisin.
En 1683, sa première pièce Virginie attira l'attention de la Madame de Bouillon. Afin de contrer les tragédies de Racine, la duchesse organisa des réunions littéraires avec, entre autres, La Fontaine et La Chapelle. Campistron lui dédia sa seconde tragédie Arminius (1684). Andronic (1685), puis Alcibiade (1685) connurent un franc succès. C'est vers cette époque que Campistron incorpora le clan du duc de Vendôme, dont il partageait les mêmes plaisirs. Après le retrait de Quinault, Lully le choisit alors comme librettiste pour la fête donnée à Anet par le duc de Vendôme en l'honneur du Dauphin. Les chansonniers s'attaquèrent au nouveau librettiste de Lully :

Ma foi votre Galatée
Et le sot berger Acis
N'approche point de Persée
Ni du vaillant Amadis.
Campistron,
Laissez la chanson
Vous aurez un affront,
Prenez un autre ton
Ou bien sur votre front
Les lauriers se faneront.

La collaboration entre les deux artistes ne s'arrêta pas à Acis & Galatée et donna jour à la tragédie en musique Achille & Polixène, dont Colasse acheva de composer la musique. Les critiques furent fidèles au rendez-vous :

Entre Campistron & Colasse
Grand débat s'émut au Parnasse,
Sur ce que l'Opéra n'a pas un sort heureux.
De son mauvais succès nul ne se croit coupable :
L'un dit que la Musique est plate & misérable
L'autre que la Conduite & les Vers sont affreux ;
Et le Grand Apollon, toujours Juge équitable,
Trouve qu'ils ont raison tous deux.

Malgré la mort de Lully, Campistron persévéra dans le domaine lyrique en signant les livrets de trois Idylles (dont deux mises en musique par Louis et Jean-Louis Lully) et de la tragédie lyrique Alcide (musique de Marin Marais et Louis Lully). Il laissa encore plusieurs tragédies : Phraate (1686), Phocion (1688), Adrien (1690), Tiridate (1691), Aetius (1693), ainsi qu'une comédie Le Jaloux Désabusé.
Lorsque le toulousain entra au service du duc de Vendôme pour devenir son secrétaire, il dût l'accompagner sur les champs de bataille, où il montra beaucoup de courage. Ses exploits militaires à Steinkerque, Namur ou pendant la guerre d'Espagne lui valurent pensions et titres honorifiques.
Il ne quitta pas pour autant la vie littéraire puisqu'il fut reçu à l'Académie des Belles-Lettres en 1694 et à l'Académie Française en 1701.
Campistron choisit pourtant de se regagner Toulouse pour s'y marier et finir ses vieux jours. Il mourut en 1723 et repose dans l'église des Cordeliers.

Vous connaissez mon coeur incapable de feindre,
Je suis moins criminel, que je ne suis à plaindre,
Du sort & de l'Amour l'indispensable loi
M'entraîne ailleurs malgré moi.
Achille & Polixène (Acte III, scène 5)



Pour en savoir plus :

Edition de trois tragédies de Campistron : Arminius, Andronic et Alcibiade,
présentées et annotées par J.-Ph. Grosperrin et J.-N. Pascal, Toulouse, Société de Littératures Classiques, 2002 ; diffusion Librairie H. Champion, Paris.


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